[Interview vidéo] : Le podologue du sport Damien Parayre vous donne des conseils pour préserver vos pieds lorsque vous courez


Vous souhaitez préserver vos pieds puisque vous pratiquez la course à pied ? Dans cette interview vidéo, le podologue fédéral auprès de la Fédération Française d’Athlétisme vous donne des conseils et des astuces pour préserver vos pieds lorsque vous courez. J’espère que l’interview vous aidera et vous plaira. :) 

Transcription texte de la vidéo : “Préservez vos pieds en course à pied” :

Maxence Rigottier : Bonjour, c’est Maxence Rigottier, de blog course à pied.com. Aujourd’hui, je suis avec Damien Parayre, qui est podologue à Marseille. Donc je vais lui poser plusieurs questions par rapport aux blessures des coureurs, les différents types de pieds, les problèmes que rencontrent ses patients… Je vais laisser tout d’abord Damien se présenter, et ensuite je vais lui poser quelques questions par rapport à la course à pied. Salut Damien.

Damien Parayre : Salut, salut les runners ! Je m’appelle Damien Parayre, je suis donc podologue du sport à Marseille. Je fais partie de l’ANPS, qui est l’Association Nationale des Podologues du Sport ; je suis également podologue fédéral auprès de la Fédération Française d’Athlétisme. Quelles sont tes questions ?

Maxence Rigottier : Alors, une première question : quels sont les trois pires problèmes que rencontrent tes patients quand ils viennent te consulter, que tu te dis « waouh, encore ce problème-là ! » que tu vois quasiment au quotidien ?

Damien Parayre : Les erreurs ?.

Maxence Rigottier : Les erreurs, exactement.

Damien Parayre : Les erreurs principalement, ce sont les erreurs de matériel. On va dans un grand magasin, une grande surface du sport, on va acheter une paire de chaussure parce qu’elle est jolie, parce qu’elle est assortie à la tenue, on va l’acheter parce qu’on pense qu’en achetant le modèle le plus cher, on va être bien dedans… Et puis on va faire quatre sorties avec, et on va se blesser. Tout simplement parce que bien souvent, le matériel est en cause quand on a une blessure. S’il y a un changement de matériel, avant de se précipiter chez le kiné, chez le médecin, chez le podologue, au premier signe de blessure ou de tiraillement, peut-être faut-il faire un petit essai en revenant à l’ancien matériel, et se faire bien conseiller. Donc la première grosse erreur, c’est l’erreur de matériel, quand on a un matériel qui n’est pas bien adapté, qui ne correspond pas à son type de pied, à son type de foulée, à son type d’entrainement, à ses objectifs tout simplement. Il faut être très rigoureux là-dessus, ne pas hésiter à se faire conseiller dans les magasins spécialisés ou chez un podologue si possible du sport ou en tous cas qui soit sensibilisé à la pratique sportive, et faire une petite analyse sur tapis par exemple, pour avoir un choix optimisé au niveau du matériel.

La deuxième grosse erreur qu’on va retrouver (je ne sais pas si c’est la deuxième d’ailleurs, c’est peut-être même la première erreur) c’est des problèmes d’entrainement des problèmes de mauvais entrainement. Quand les gens viennent me voir, souvent il faut vite les guérir tout de suite maintenant, il y a une course dans trois jours ; mais quand on pose un peu la question, oui, il y a une course dans trois jours, mais ça ne fait que quinze jours qu’ils s’y préparent. On est à Marseille, alors je vais vous parler un peu de Marseille-Cassis : bien souvent à Marseille, au mois de juillet et au mois d’août, on est sur la plage, on va siroter des grenadines, on est les doigts de pied en éventail, les baskets sont bien rangées dans le placard… Et puis le mois de septembre arrive…

Maxence Rigottier : Et là on se dit : « Vite, Marseille-Cassis arrive ! »

Damien Parayre : Exactement ! Donc qu’est-ce qu’on va faire ? Marseille-Cassis arrive, alors de zéro sorties par semaine, on va passer à cinq sorties par semaine, parce qu’on a pris de retard, on n’a pas les douze semaines d’amplitude pour se préparer, donc on va se préparer vite-vite sur quatre-cinq-six semaines, trois semaines même pour certains, et on va avoir une surcharge énorme de contraintes, de stress mécanique au niveau articulaire et tendineux. Et bien souvent, pour ma part, je vois que mon carnet de rendez-vous se remplit (hélas de manière très importante), un gros pic juste avant le Marseille-Cassis ou juste avant d’autres courses, je prends le Marseille-Cassis comme exemple.

Maxence Rigottier : Des courses importantes où il y a beaucoup de coureurs…

Damien Parayre : Souvent on a tendance à vouloir soit s’en tenir absolument au plan d’entrainement qu’on s’est fixé -même avec des petites douleurs qu’on va avoir, on insiste dessus ; soit on a tout simplement un plan d’entrainement qui est au-dessus de ses capacités : quand on a jamais couru un marathon, ou même un semi-marathon, on ne part pas en disant « ben tiens, mon objectif, c’est de faire 1h10 », ou alors on est un surhomme. Je crois que pour ta part, tu as des objectifs sur 10-kilomètres, tu ne t’y es pas mis hier.

Maxence Rigottier : Exactement !

Damien Parayre : Et puis on va voir selon la forme du jour, si l’objectif n’est pas atteint le jour J, on le reportera à un petit peu plus tard. Il faut rester, en fait, à l’écoute de son corps. Ça, c’est pour moi les deux grosses erreurs que les coureurs qui viennent me voir font. Soit un mauvais matériel, soit un mauvais entrainement. Et on veut, soit par le podologue, soir par le kiné, soit par le médecin, avoir une réponse tout de suite : « je suis blessé, ma course est dans trois jours, il faut que je sois sur pied ». Il y a des choses pour lesquelles, parfois, il faut un petit peu de temps. Donc ça, c’est les deux grosses erreurs principales. La dernière, on pourrait dire que c’est le mix des deux : on a à la fois pas les bonnes chaussures, pas le bon entrainement, et on est vraiment en dehors de sa capacité. C’est comme ça en général qu’on se blesse, en majorité.

Maxence Rigottier : D’accord. Pour récapituler : 1) l’équipement, 2) s’y prendre au dernier moment, 3) la panique et le stress de ne pas être préparé pour le jour J

Damien Parayre : Voilà.

Maxence Rigottier : Et je voulais rebondir sur tes propos par rapport aux chaussures minimalistes. Il y a quand même eu une grosse vague récemment, il y a quelques mois ou quelques années, par rapport aux chaussures minimalistes, courir pieds nus, etc. Toi, comment tu le ressens par rapport à ton activité ? Est-ce qu’il y a beaucoup de coureurs qui se sont dit « je vais tenter cette expérience », et quels ont été leurs problèmes ? Vouloir s’entrainer comme avant en changeant complètement de chaussures ? Vouloir en faire plus ? Qu’est-ce que tu as observé par rapport à la chaussure minimaliste ?

Damien Parayre : Alors le minimalisme, la chaussure minimaliste, c’est une grande mode en ce moment, ça fait quelques mois, quelques années même. En France ça vient à peine d’arriver, mais aux Etats-Unis ça fait déjà quelques années que c’est bien en place. Le minimalisme pour moi, c’est quelque chose à prendre au sérieux, je ne pense pas que ce soit une simple mode, en tout cas. Maintenant, c’est quelque chose que je considère comme dangereux également. Pour mon activité, il y a effectivement beaucoup de coureurs qui viennent me voir qui sont passé aux minimalistes et qui se blessent à ce moment-là. C’est-à-dire qu’avant ils n’étaient pas blessés, et depuis qu’ils ont les minimalistes, ils sont blessés.

Alors, ce serait facile de dire : « ça vient du minimalisme, c’est les chaussures minimalistes qui ont blessé, et c’est pas bon comme chaussures, faut pas en prendre ». C’est un raccourci un petit peu trop rapide à mon goût. La plupart du temps, ce qui se passe, c’est que les coureurs qui ont l’habitude de courir quatre-cinq fois par semaines (ou en tout cas, les gens qui sont souvent sensibles au minimalisme, c’est quand même en général des coureurs relativement avertis, il y a assez peu de débutants qui disent « tiens, je vais commencer par du minimalisme », bien que ce pourrait être envisagé), souvent donc, les coureurs vont faire quatre-cinq sorties par semaine avec des chaussures classiques, et du jour au lendemain ils vont acheter leurs nouvelles chaussures, partir avec des chaussures minimalistes, et c’est là où est le danger. On va se blesser quasiment systématiquement si on ne change pas sa manière de s’entrainer en passant d’une chaussure à une autre, d’une chaussure classique à une chaussure minimaliste. La différence de conception de la chaussure est telle que l’on se blesse quasiment systématiquement sur les fosses postérieures, donc en particulier les ischio-jambiers, les fessiers, et surtout le tendon d’Achille.

Donc le minimalisme, pour moi, c’est pas une révolution, mais on va dire un retour aux sources. L’idée me semble bonne, maintenant, ce n’est pas à mettre entre toutes les mains, c’est-à-dire que les personnes qui ont des gros défauts, qui ont des grosses pronations, qui ont des chevilles très déliées, des pieds très abimés ou des pieds accidentés, je leur déconseillerais très fortement ce type de chaussures-là.

Pour un coureur qui veut passer d’une chaussure classique à une chaussure minimaliste, déjà il faut se poser la question de pourquoi on veut passer au minimalisme. Si l’on n’a pas de blessures depuis dix ans, si l’on n’a pas de problème particulier, si l’on a des performances correctes, est-ce que ça vaut le coup de passer directement au minimalisme ? C’est quand même un choix qu’il faut faire, car le passage d’une chaussure classique à une chaussure minimaliste prend du temps, ça doit être très progressif. Moi j’estime à peu près (et d’autres spécialistes dans le minimalisme estiment également) qu’il faut compter une bonne année de transition entre la chaussure classique et la chaussure minimaliste, en faisant par exemple une minute de port de chaussures minimalistes de plus à chaque sortie que l’on va faire. Donc il faut vraiment voir ça sur du très long terme, et pas dire « tiens, demain je passe aux minimalistes ».

Maxence Rigottier : D’accord. Comme tu le disais tout à l’heure, logiquement, la première fois, on met les chaussures minimalistes une minute, puis on met ses baskets de running classiques ; la seconde fois, deux minutes, etc. Vraiment aller par petit pas de bébé, tout, tout doucement pour être sûr de pas être blessé, parce que sinon, c’est beaucoup trop trash. Si ça fait dix ans que vous courez avec une paire de runnings et que du jour au lendemain, « tiens, je vais prendre une chaussure minimaliste »…

Damien Parayre : …la blessure est quasiment inévitable.

Maxence Rigottier : Egalement, concernant les différents types de blessures : par exemple, le coureur à pied est confronté à la périostite, l’essuie-glace, l’aponévrosite plantaire, fractures de fatigues, élongations, etc. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu ces différents types de blessure, et comment les éviter ? Comment éviter ce syndrome de l’essuie-glace, la périostite, etc.

Damien Parayre : Je n’ai hélas pas de recette magique, sinon il n’y aurait plus aucun coureur qui serait blessé, j’aurais dispensé à tout le monde ma recette, et plus personne serait blessé. Il y a quand même des petits conseils à avoir, c’est que la plupart des pathologies dont tu me parles, la périostite tibiale, le TFL (tension de fascia-lata), le syndrome de la bandelette ou le syndrome de l’essuie-glace (c’est la même pathologie au niveau du genou), l’aponévrosite plantaire, l’épine calcanéenne… toutes ces pathologies-là sont quand même des pathologies qui sont directement liées à un accès de stress sur le corps. Donc la plupart de ces pathologies-là (alors, il y a toujours des exceptions, on part sur de grosses généralités, je parle de ca de manière très générale, parce qu’après si l’on rentre dans le détail, ce que je dis peut être disputé) l’excès de stress va créer forcément une pathologie.

L’épine calcanéenne, l’aponévrosite plantaire, c’est un excès de stress au niveau de l’aponévrose, le tissu qu’on a sous la plante des pieds. La périostite tibiale, c’est un excès de traction au niveau du périoste, un tissu qui entoure l’os, qui va créer une inflammation. La tension de fascia-lata, ou syndrome de l’essuie-glace, c’est un excès de stress sur un tendon qui mécaniquement va venir frotter sur une partie osseuse.

Maxence Rigottier : Comment ne plus être stressé alors ?

Damien Parayre : Comment moins se stresser ? Tout d’abord, il faut, comme pour le minimalisme, avoir vraiment une progressivité. Il ne faut pas se surentrainer. Le surentrainement, c’est pas parce qu’on a loupé, sur son plan d’entrainement, une séance de fractionné, qu’on va en faire deux séances d’affilée, le lundi et le mardi suivant. Il faut quand même qu’on reste logique par rapport à tout ça. Il faut être à l’écoute de son corps, aussi. Quand on commence à avoir une petite douleur, un tiraillement, qu’on a un peu plus forcé que d’habitude, si la séance du lendemain, on la sent moyennement, et bien je préfère, en tant que podologue en tous cas, dire à mon patient : « Ecoute, tu fais une coupure. Effectivement, cette semaine tu devais faire quatre sorties, et bien peut-être que cette semaine tu n’en feras que deux ou que trois ». Et on va sauter pour éviter la surexposition du corps à ce stress mécanique. Donc, écouter son corps, ne pas faire d’excès en terme d’intensité , le jour de la course, je suis d’accord, on va s’arracher, on va aller jusqu’au bout…

Maxence Rigottier : …au bout de l’effort…

Damien Parayre : On va bout de l’effort…

Maxence Rigottier : On se surpasse…

Damien Parayre : Voilà, on se surpasse ! Ensuite, pour les entrainements qu’on fait au jour le jour, il faut rester à l’écoute de son corps. Un entrainement peut se passer plus ou moins bien qu’on ne va changer grand-chose en terme d’intensité, mais on rentre du boulot, c’est plus tard, on est fatigué, vous avez la famille à la maison, vous avez votre copain ou copine qui vous prend la tête… Toutes ces choses-là, c’est à prendre en compte.

Maxence Rigottier : Des problèmes personnels ou professionnels…

Damien Parayre : …qui peuvent agir là-dessus. Donc, le choix de la chaussure : important. La progressivité de l’entrainement, je le répète à tous les patients, c’est pour moi ce qu’il y a de plus important dans une bonne préparation. On prend suffisamment de recul pour préparer sa course, et on ne se prépare pas à la dernière minute. Le stress mécanique exercé doit être réfléchi, doit être jaugé, jugé ; il faut qu’on apprivoise un petit peu ce stress-là, et qu’on dise : « ah ben tiens, ça tire un petit peu, je lève le pied », ou alors au contraire : « ça commence à me tirer un petit peu, mes chaussures sont usées, c’est peut-être le moment de les changer ». Il faut être à l’écoute de ces petits détails pour limiter le risque de blessure.

Maxence Rigottier : D’accord. Et quelle est la durée moyenne à peu près de chacune de ces blessures ? L’essuie-glace, c’est un mois, deux mois ? La périostite, c’est une semaine, un mois ?…

Damien Parayre : Là aussi, c’est selon les cas. Au plus tôt on va venir me voir…

Maxence Rigottier : Moins c’est grave, mieux c’est, évidemment !

Damien Parayre : Au plus tôt on va venir voir le spécialiste de santé, que ce soit le podologue mais je ne travaille pas seul, j’aime bien dire que je travaille aussi en synergie avec le kiné, avec l’ostéopathe, avec le médecin du sport, parfois avec le coach sportif… encore une fois, c’est quelque chose de global, ça ne vient pas que d’un seul détail, c’est pas que le pied ou autre… Toutes ces blessures-là, au plus tôt elles sont prises en charge par les professionnels de santé, au plus vite elles vont se guérir. Après, en général sur ce type de blessure, on parle de quatre à six semaines, on va dire…

Maxence Rigottier : Une grosse fourchette…

Damien Parayre : Une énorme fourchette, on va dire un râteau ! (Rires) Mais sur certains cas par exemple de tension de fascia-lata ou syndrome de l’essuie-glace, une simple remise en tension correcte du genou avec une bonne paire de chaussures, une bonne paire de semelles, un changement de posture, peut être ressenti d’une manière presque spectaculaire par certains patients, c’est-à-dire qu’en l’espace d’une semaine, on va pouvoir recourir normalement. Tout dépend de l’inflammation. D’autres patients avec le même traitement, le temps que l’inflammation elle-même parte, on va pouvoir recommencer à recourir au bout de deux, trois, voire quatre semaines, selon les problèmes.

La périostite, c’est la même chose. Tous ces problèmes-là vont quand même dépendre énormément de la date à laquelle on les prend en compte. Un début de périostite, pour moi, ça peut se régler en quinze jours. Une périostite qui est installée depuis un certain temps, ça peut prendre plusieurs mois, et puis surtout ça peut dévier sur des problèmes un petit peu plus graves : la fracture de fatigue.

Donc toutes ces choses-là, tu vois, ça peut aller de quelques jours, quelques semaines on va dire, si c’est débutant, à vraiment un arrêt complet et une saison complètement bousillée si on continue à forcer sur cette périostite et qu’on arrive sur cette fracture de fatigue. Là c’est encore autre chose, c’est vraiment six semaines pleines d’arrêt complet, et une reprise tout en progression ; donc pour revenir au niveau, on va compter bien dix semaines.

Maxence Rigottier : Donc logiquement, si vous avez une douleur, un problème, il vaut mieux aller consulter un spécialiste, médecin du sport, podologue, etc. au lieu d’aggraver le problème et ne plus pouvoir courir pendant un mois, deux mois, ou même de louper carrément sa saison. Là vous pouvez vraiment être frustré et avoir les boules d’avoir fait beaucoup d’entrainement pour au final une saison bousillée, à cause d’un manque de prévention.

Et pour revenir au Marseille-Cassis, quels sont les différents types de coureurs que tu vois ? Ce sont essentiellement des coureurs qui s’y sont pris au dernier moment, et du coup, la blessure est arrivée ? Ou bien des coureurs qui se donnent un objectif extrêmement important, au-delà de leurs capacités physiques, et là encore, la blessure est arrivée ?

Damien Parayre : Heureusement pour moi, je n’ai pas que des patients, des coureurs en tout cas, qui arrivent à la dernière minute et qui sont mal entrainés. Ça, c’était les grosses erreurs dont on parlait tout à l’heure. Heureusement pour nous, la course à pied a connu quand même un essor assez important ces dernières années, on commence à voir un niveau général, je trouve, qui commence à s’améliorer, les coureurs sont de plus en plus conscients de l’entrainement, comment on doit se préparer. Donc j’ai un petit de tout comme profils effectivement sur Marseille-Cassis. J’en ai aussi, hélas, après Marseille-Cassis, ceux qui se sont blessé sur la fameuse descente (parce qu’il y a une grosse descente sur Marseille-Cassis). Je dirais que j’ai quand même plus de coureurs qui ont un objectif, qui va être de se surpasser chaque année, d’une année sur l’autre. On a beaucoup de coureurs hein, c’est une course magnifique, Marseille-Cassis !

Damien Parayre © blog course à pied

Maxence Rigottier : Quinze mille coureurs ? Vingt mille ?

Damien Parayre : On a quinze mille coureurs au départ.

Maxence Rigottier : Quinze mille coureurs, c’est pas rien !

Damien Parayre : Quinze mille coureurs au départ, sur une route qui est magnifique. Faudra que tu viennes la faire avec nous, je ne sais pas si tu l’as faite déjà ?

Maxence Rigottier : Euh non, pas encore.

Damien Parayre : Et bien ce sera l’occasion où jamais l’année prochaine, je t’attends. Je te donne rendez-vous sur la Ginette.

Maxence Rigottier : Malheureusement, les inscriptions partent trop vite, c’est ça le souci.

Damien Parayre : Ça part trop vite, c’est vrai ! Pour revenir sur les coureurs et les blessures, donc on a dit qu’il y en a une partie qui est mal préparés, qui vient à la dernière minute. C’est un petit peu le pari : « on a fait le pari, ben tiens pour mes 30 ans, pour mes 40 ans, pour mes 50 ans, je ferai le Marseille-Cassis ». On se prépare un mois avant, on se blesse ; bon, ça fait partie, j’allais dire, de l’anecdote, mais juste avant Marseille-Cassis j’ai beaucoup de coureurs comme ça.

Les coureurs les plus chevronnés, ou en tout cas les plus assidus, ceux qui ont vraiment l’objectif, comme tu dis, de se surpasser, d’aller au-dessus de leurs capacités physiques, avoir une préparation optimale, essayer d’avoir un meilleur temps que l’année dernière quand ils avaient déjà fait un meilleur temps par rapport à l’année précédente… ceux-là, en général, je leur conseille de venir me voir bien avant. On ne change pas de chaussures et de semelles un mois avant Marseille-Cassis. Idéalement, si on a une préparation cohérente et correcte, il faudrait changer de semelles en tout cas (ceux qui ont besoin de semelles, tout le monde n’en a pas forcément besoin non plus), mais renouveler ses semelles ou régler ces problèmes-là, idéalement dès le début de la phase d’entrainement de la course.

Donc les coureurs qui ont le gros niveau, qui viennent me voir pour renouveler leur traitement podologique (donc leurs semelles), je les vois quand même en général au mois de juillet-aout ; après, septembre-octobre, c’est plutôt les retardataires, et ceux qui se sont blessé en dernière minute en se préparant pas tout à fait comme il faut. Et souvent, je vais avoir après Marseille-Cassis aussi beaucoup de gens qui s’affolent par rapport à des douleurs au genou, très typiques dans la descente du Marseille-Cassis, et aussi très typique d’un manque d’entrainement criant : on s’entraine que sur du plat, sur des choses assez courtes, et après Marseille-Cassis on a très mal aux genoux…

Maxence Rigottier : La descente, c’est sur les genoux, ou les hanches ?

Damien Parayre : Ca va être vraiment les genoux qui prennent. Sur Marseille-Cassis, on est en mouvement de freination constante, c’est qu’on a fait une belle côte avant, on a envie de tout lâcher, on a tendance à allonger un petit peu trop la foulée, se laisser un petit peu mordre sur ses appuis… Ce type de foulée un petit peu passive par rapport à la descente, pour un coureur qui n’est pas habitué, qui a le cartilage qui n’est pas habitué à ce stress –on y revient encore, toujours au même principe ; je le redis depuis tout à l’heure, tu vois comme quoi ça s’imbrique bien ! Donc si on n’est pas habitué à ce stress mécanique au niveau du genou, et bien après Marseille-Cassis, il y a de fortes chances qu’on ait ce type de problème-là ; ce qui n’arrive absolument pas aux coureurs qui sont bien préparés comme toi.

Maxence Rigottier : On est plus avantagés parce qu’on connait un peu mieux notre corps qu’une personne qui ne s’entraine quasiment jamais. Et ensuite, c’est aller étape par étape pour atteindre son objectif personnel.

Et pour finir sur une dernière question : En tant que podologue, quels sont les conseils que tu pourrais nous donner pour préserver ses pieds ? Si on a quelques difficultés, il y a les semelles orthopédiques ; mais si on n’a pas de problème et qu’on souhaiterait ne pas en avoir dans le futur ? Quels conseils tu pourrais nous donner ?

Damien Parayre : C’est une très bonne question. Moi, je suis podologue, et pourtant, comme on en discutait tout à l’heure en aparté, je ne suis pas forcément pour appareiller tout le monde. Je crois d’ailleurs que toi tu cours sans semelles ?

Maxence Rigottier : Exactement.

Damien Parayre : Tu cours d’ailleurs avec quelques petits défauts, on l’a vu sur la petite vidéo sur le type de pieds. Donc des petits défauts, mais tu n’es pas pour autant blessé, tu performes bien, tu as une cohérence tout à fait bonne on va dire sur tes entrainements, sur ta foulée, pas de blessures… Bon, le but pour nous c’est pas de mettre des semelles à tout le monde, tout le monde n’a pas forcément besoin de semelles. Il faut qu’on travaille sur un côté préventif. Donc la semelle en prévention, je la conseille pour des personnes qui ont des gros défauts, où l’on sait qu’à terme, on pourrait avoir une érosion prématurée du cartilage par exemple, ou des choses qu’on pressent qui vont arriver. Pour des coureurs comme toi qui effectivement n’ont pas forcément de problème, je ne te conseillerais pas de faire absolument une semelle. Par contre, je peux te donner des petits conseils pour te préserver les pieds, effectivement.

Alors, sur les courses longues, la plupart des problèmes des pieds, ça va être les ampoules. Marathon, ultra-trail, le problème majeur du coureur, ce qui va le stopper, c’est l’ampoule. Une ampoule, c’est pas grand-chose, c’est une petite cloque qui se décolle un petit peu, c’est pas grand-chose mais ça peut vous faire abandonner une course. Moi je suis sur le terrain sur des courses comme l’ultra-trail du Verdon par exemple, qui fait plus de 100 kilomètres, avec des dénivelées énormes dans les gorges du Verdon ; je vois chaque année des coureurs mal préparés qui abandonnent à cause d’une ampoule. Le cardio est bon, les muscles sont bons, ils sont remontés à bloc, ils sont à fond pour partir…

Maxence Rigottier : Tout est bon, sauf l’ampoule qui vient gâcher tout ça !

Damien Parayre : …sauf l’ampoule qui gâche tout le plaisir. Alors, pour préserver les pieds, le bon choix de chaussures. Se faire conseiller, encore une fois, dans un magasin spécialisé. Il faut qu’on soit bien quand on essaie la chaussure. On dit souvent : la chaussure va se faire au pied. Non, la chaussure ne se fait pas. Elle se fera, mais c’est surtout votre pied qui va se déformer. Donc, essayez de privilégier, quand vous choisissez une chaussure, une chaussure qui correspond à vos capacités physiques, par rapport au poids, par rapport à la taille, à votre type de foulée, par rapport à la forme de pied… Mais surtout, c’est moi ce que j’appelle le fighting, il faut qu’on ait un contact, une première sensation agréable. Ça, c’est la première chose. Le vendeur vous aura aidé à choisir une chaussure pronateur, supinateur, plutôt légère, plutôt route, plutôt trail… mais ce n’est que vous qui pourrez juger du confort. Première chose. On est sûr de ne pas avoir de problème ou d’avoir moins de problèmes avec ce choix de chaussures.

Quand on prépare une course un petit peu longue, pour limiter les ampoules, pour les coureurs qui n’ont pas forcément beaucoup d’ampoules, je conseille une crème anti-frottements. On va dire une marque, on a le droit ?

Maxence Rigottier : Oui, oui, y’a pas de souci !

Damien Parayre : Alors moi, je conseille la marque Akiline, la crème Nok, qui est très connue des coureurs…

Maxence Rigottier : Quel est l’investissement ?

Damien Parayre : Une dizaine d’euros. Un tube, ça doit couter 9 euros, 8 euros, 10 euros, ça dépend où vous l’achetez. Mais bon, avec un tube, vous avez de quoi faire. Idéalement, si c’est une course très longue (marathon, ou voire plus) je vous conseille, tous les soirs avant de vous coucher, de mettre une petite couche de crème sous vos pieds, et juste avant de courir, mettre cette crème aussi, ça évitera les frottements entre votre chaussure et votre pied, et ça évitera les ampoules.

Pour les coureurs qui ont tendance à faire des ampoules répétées, de manière systématique, alors déjà, peut-être qu’il faudrait aller voir le podologue, je dis ça au passage. Et puis surtout, il faudra préparer le pied peut-être un peu différemment aussi. On peut compléter cette crème Nok avec un spray qui s’appelle spray tannant, qui permet d’épaissir la peau, de renforcer la peau à ce niveau-là.

Donc voilà, le conseil anti-ampoules, ça va être : un bon choix de chaussures, une crème anti-frottement, éventuellement un spray tannant qui permet d’épaissir la peau mais il faut s’y prendre au moins vingt jours avant, un mois avant, moi je conseille. Le jour de la course, on va essayer si possible de mettre une paire de chaussettes qu’on aurait porté éventuellement la veille ou l’avant-veille, sur une petit footing d’une demi-heure. Je ne vous dis pas de mettre une chaussette sale, bien sûr, mais mettre une chaussette qu’on aurait portée déjà un petit peu… Mettons que ta course, c’est dimanche.

Maxence Rigottier : Oui, c’est ça.

Damien Parayre : Admettons que tu fasses un petit décrassage mercredi, on va faire une petite sortie d’un quart d’heure mercredi, histoire de dire « bon, on est à Marseille, on va prendre un petit peu la température, voir ce qui se passe ». On met un peu de crème Nok sur le pied, on met la chaussette, on fait sa p´tite sortie d’un quart d’heure, vingt minute, une demi-heure : le petit décrassage de trois jours avant la course. En rentrant, cette chaussette-là, tu la mets de côté, tu la remettras dimanche.

Maxence Rigottier : D’accord…

Damien Parayre : Dimanche matin, tu mets cette chaussette, on part tranquille : ça fait comme une deuxième peau, on limite le risque d’ampoules. Sur dix kilomètres, je pense que pour toi, il n’y aura pas de problème.

Maxence Rigottier : Logiquement, non !

Damien Parayre : C’est une petite distance pour toi, il n’y aura pas de soucis. Donc ça, c’est la petite astuce chaussette. Et dernière chose aussi qu’on peut dire (enfin il y a beaucoup d’autres choses, mais on va s’arrêter là), le jour de la course, évitez à tout prix de prendre une douche chaude le matin, ou en tout cas de laisser tremper trop longtemps vos pieds dans une douche chaude dans la baignoire.

Maxence Rigottier : Quels sont les inconvénients ?

Damien Parayre : Ca va ramollir la peau. Ca va la ramollir en profondeur. Souvent, les courses le matin sont un petit tôt, quand même ; en général c’est 9 heures. Si on commence à prendre sa collation trois heures avant, ça nous fait quand même lever un petit peu tôt ; on prend la douche de bonne heure, on s’habille rapidement derrière. Si on a une douche trop chaude, on ramollit cette peau, on met la chaussette directement derrière, on garde l’humidité dans la chaussure, et finalement on fragilise la peau. Et dès qu’il y a des kilomètres, on risque de faire une ampoule à ce niveau-là.

Maxence Rigottier : OK d’accord.

Damien Parayre : Voilà quelques petits conseils. Il y en a d’autres, mais déjà, si vous suivez ca…

Maxence Rigottier : …on va éviter bien des problèmes !

Damien Parayre : On va réduire les problèmes en tout cas pendant la course. Après, pour des problèmes plus pointus, on s’oriente vers le kiné, l’ostéo, le podologue, et le médecin du sport aussi, qui pourra un petit peut-être la charnière, je pense, entre tout ça. Donc, vous orienter vers un podologue, vers un kiné, selon ce que lui jugera utile.

Maxence Rigottier : OK. Merci une nouvelle fois pour cette interview.

Damien Parayre : De rien !

Maxence Rigottier : Merci d’avoir suivi la vidéo. Pour ma part, je vous dis à bientôt pour de nouvelles vidéos de course à pied, des chroniques de course à pied, et plein d’autres choses. Si l’interview vous a plu, partagez-la sur Facebook, ou sur Twitter. A bientôt, bye !

Damien Parayre : Bye les runners !

Et vous ?

Avez-vous déjà eu des problèmes en course à pied ? Si oui, quels étaient les problèmes ? (périostite, fracture de fatigue, essuie glace…) ? Laissez-moi votre opinion dans les commentaires juste en dessous.

Maxence Rigottier

Maxence Rigottier

3 Commentaires

  •    Répondre

    Merci Damien pour tes conseils sur le minimalisme et ton avis sur le TFL.
    Je suis actuellement entrain de reprendre la course à pied avec des chaussures de transition pour tenter d’éradiquer ce problème sans avoir recours aux semelles orthopédiques. Une voix de plus conseillant de prendre son temps n’est jamais de trop ! Après 8 semaines d’arrêt on n’a pas trop envie de courir que 5 minutes. Mais au final, et je suis tout à fait d’accord avec vous deux, il est préférable d’y aller doucement que devoir se priver encore de longs mois.

    Maxence, ton blog est une mine d’or. Surtout ne t’arrête pas de blogger et de courir ! :-)

  •    Répondre

    Merci Damien pour tes conseils sur le minimalisme et ton avis sur le TFL.
    Je suis actuellement entrain de reprendre la course à pied avec des chaussures de transition pour tenter d’éradiquer ce problème sans avoir recours aux semelles orthopédiques. Une voix de plus conseillant de prendre son temps n’est jamais de trop ! Après 8 semaines d’arrêt on n’a pas trop envie de courir que 5 minutes. Mais au final, et je suis tout à fait d’accord avec vous deux, il est préférable d’y aller doucement que devoir se priver encore de longs mois.

    Maxence, ton blog est une mine d’or. Surtout ne t’arrête pas de blogger et de courir ! :-)

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