Interview vidéo de Caroline Dubois : 8h14 au 100 km et 25ème performance Mondiale de l’année 2011 pour le 100 km


L’interview en audio :

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L’interview en vidéo :

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Vous pouvez consulter la fiche FFA (Fédération Française d’Athlétisme) de Caroline Dubois en cliquant ici

Vous pouvez retrouver Caroline Dubois sur son site caroline-dubois. Bonne visite. ;)

Transcription texte de la vidéo:

Maxence Rigottier : Bonjour, c’est Maxence Rigottier, du blog course à pied. Tout d’abord, je suis un petit peu malade donc désolé pour ma voix cassée. Aujourd’hui, j’ai l’honneur d’accueillir Caroline Dubois, qui est une spécialiste du 100km et de course de montagne. Donc pour toutes les personnes qui ne connaissent pas Caroline Dubois, elle a couru le 100km en 8 heures, 14 minutes et 19 secondes. C’est son record personnel et ça fait une moyenne d’environ 12,2 km/h sur le 100km, c’est vraiment pas mal. Également pour l’année 2011, tu es la vingt-cinquième performance mondiale sur la distance du 100km et tu vas préparer les championnats du monde et d’Europe du 100km en Italie. Donc je vais laisser se présenter Caroline pour qu’elle nous explique un petit peu de ses débuts en course à pied, jusqu’à aujourd’hui, son parcours.

Donc salut Caroline !

Caroline Dubois : Salut Maxence. J’ai 28 ans et j’ai commencé la course à pied à 18 ans dans un petit club en Haute-Savoie à Cluses, qui s’appelait Cluses athlétisme. Je suis arrivée au club pour essayer de toucher un peu à tout, aussi bien le lancer, le saut que le demi-fond. Mais le fond m’a rattrapée plus vite que prévu et j’ai tout de suite commencé à faire des courses en montagne, d’assez longue distance : j’ai commencé par le cross du Mont-Blanc de 21km, tout en montée et puis ça a bien accroché donc j’ai continué dans cette voie et j’ai laissé tomber les lancers et tout le reste.

Maxence Rigottier : D’accord. Tu as commencé il y a dix ans.

Caroline Dubois : Voilà.

Maxence Rigottier : Au départ, c’était une petite course locale, qu’est-ce qui t’a poussé, comment as-tu commencé à courir ?

Caroline Dubois : En fait, je faisais déjà beaucoup de randonnée, donc la course en montagne, c’est venu tout de suite, comme un instinct. J’ai commencé directement par le cross du Mont-Blanc qui est quand même une course bien réputée chez nous.

Maxence Rigottier : Oui, exactement !

Caroline Dubois : Donc je l’ai gagnée en junior, j’y suis retournée l’année d’après et je l’ai regagnée en junior ; après je l’ai gagnée en espoir et puis après je suis arrivée sur Marseille, et là j’ai commencé à faire des courses un petit peu plus populaires, d’autres trails par ici comme le trail du Ventoux, le trail de la Sainte Victoire, et puis après j’ai pu aller voir toujours plus loin ce qui se passait et j’ai donc tenté en 2010 mon premier 100km, et voilà, tout est parti de là.

Maxence Rigottier : Justement, par rapport à une distance qui est quand même impressionnante, le 100km, ça effraie un petit peu énormément d’athlètes, toi, justement, comment t’es-tu préparée et comment ça t’es venu à l’idée de courir une telle distance, parce que 100km, c’est quand même quasiment deux marathons et demi, c’est impressionnant !

Caroline Dubois : Oui ! Moi je ne le vois pas comme ça en fait. J’ai appris à dédramatiser la distance, ce qui fait que tu peux parler d’un 100km comme d’un 10km, je ne me rends pas compte du kilomètre. Par contre pour le premier, j’étais très, très mal préparée et j’ai souffert. Mais maintenant, avec la préparation et mon entraineur qui est derrière, qui me fait des plans de qualité, j’arrive à arriver au bout dans un état correct.

Maxence Rigottier : D’accord, j’imagine. Justement, est-ce que tu peux un petit peu nous raconter ton quotidien de course à pied, pour arriver à préparer un 100km par exemple ?

Caroline Dubois : C’est beaucoup d’entrainement.

Maxence Rigottier : Quels sont les différents types d’entrainement, si tu peux nous expliquer une semaine type que tu effectues.

Caroline Dubois : Déjà, il faut savoir qu’il faut pas mal de temps pour préparer un 100km, ça demande beaucoup d’entrainement et pas mal de sacrifices. Donc la semaine type, c’est environ 150, 190km de courses à pied avec en plus une huitaine d’heures de vélo, entre huit et dix heures de vélo. La semaine type, c’est 30km par jour, souvent deux fois par jour, donc en deux fois. Ça peut être une heure de vélo le matin, après une heure, une heure trente de course à pied, et le soir rebelote. Donc une heure, une heure trente de course à pied et une heure de vélo, et après dedans il y a du volume, mais il y a aussi de la qualité. Donc dans la semaine il y aura toujours une séance de VMA, qui pourra soit être faite sur piste, soit en nature type fartlek, et une séance allure spécifique, qui va commencer à 20km et puis dans les périodes de grosse préparation qui va atteindre 50km, donc une sortie à vitesse 100km dans les conditions de la course, avec ravitaillement et une séance d’EMA (Endurance Maximale Aérobie). Ça peut être des 3×3000, 3×4000, 2×5000, à une allure proche de celle du marathon, donc dans les 15, 15,5km/h

Maxence Rigottier : D’accord. Très beau programme chaque semaine ! Et donc environ combien de kilomètres du coup chaque semaine, tu cours ?

Caroline Dubois : Entre 150 et 180 pour les grosses semaines.

Maxence Rigottier : Donc une moyenne de 20 à 30km par jour.

Caroline Dubois : Oui.

Maxence Rigottier : Ce qui est quand même assez impressionnant, vu l’extérieur, de courir entre 20 et 30km, mais comme tu l’as dit précédemment, tu dédramatises énormément les distances.

Caroline Dubois : Voilà.

Maxence Rigottier : Et justement, au quotidien, tu prends énormément de plaisir en courant.

Caroline Dubois : Tout à fait : le plaisir passe avant tout

Maxence Rigottier : Généralement en athlétisme, il y a deux catégories de personnes : il y a énormément de coureurs qui préconisent les étirements, d’autres qui n’en font quasiment jamais, toi, qu’est-ce que tu conseillerais, et est-ce que tu fais des étirements, dans ton cas de figure, par rapport au 100km ?

Caroline Dubois : Alors moi, je vais être la mauvaise élève, puisque je ne fais pas du tout d’étirement, et je suis plutôt contre les étirements quand il s’agit de les faire après une séance, ou avant une compétition, encore pire. Par contre, ce que je ne fais pas, mais ce que je préconiserais, ça serait de faire une séance de souplesse et stretching une fois dans la semaine, donc consacrer une heure où on ne fait qu’un footing d’un quart d’heure, vingt minutes et après faire une bonne séance d’étirements, de stretching pour le bien être musculaire. Je ne le fais pas, je pourrais le faire. Mais je ne pense pas que les étirements permettent de moins se blesser ou autre chose, je pense que ça c’est n’importe quoi, et je serais plus du point de vue du retraité Gilles Cometti, qui avait plutôt cette vision-là, que ça ne servait à rien de s’étirer après une grosse séance puisque l’on détruit encore plus la fibre musculaire, ou avant les compétitions puisqu’on perdait un peu d’influx nerveux, de temps de réaction. Par contre, une séance de stretching, de souplesse, faite dans le but d’un bien-être musculaire, pourquoi pas.

Maxence Rigottier : D’accord. Est-ce que tu as des courbatures justement, en ne faisant jamais d’étirement.

Caroline Dubois : Eh bien non !

Maxence Rigottier : Rien du tout ?!

Caroline Dubois : Rien du tout !

Maxence Rigottier : C’est impressionnant !

Caroline Dubois : Ce ne sont pas les étirements qui vont faire que tu n’as pas de courbatures. Déjà, les deux types de courbatures, il y en a une qui est due à la mauvaise hydratation, qui arrive généralement très vite après l’effort, et il y a celle due à la casse musculaire, qui arrive dans les quarante-huit heures après. Mais l’étirement, si on a de la casse musculaire, va encore dupliquer les courbatures.

En fait, on croit à tort que l’étirement va enlever les courbatures, mais c’est faux.

Maxence Rigottier : D’accord.

Caroline Dubois : C’est : est-ce que tu es adapté ou pas qui va faire que tu as être courbaturé ou pas.

Maxence Rigottier : D’accord. Moi, personnellement, je fais des étirements parce que je trouve qu’il y a les bienfaits, toutefois, comme souvent, ce que je préconise c’est de faire une semaine sans étirement, une semaine avec des étirements et ensuite de choisir ce qui vous correspond le mieux.

Une autre question en parallèle, est ce que tu fais énormément de récupération par rapport à la fin de tes entrainements, justement pour arriver à enchaîner au quotidien tes différents entrainements ?

Caroline Dubois : Moi, je fais beaucoup de récupération sur vélo. Le vélo me fait récupérer. Sur vélo d’appartement, ou là, maintenant que les beaux jours arrivent, à l’extérieur.

Maxence Rigottier : D’accord.

Caroline Dubois : Mais vraiment dans le but de faire dérouler les jambes, sans mettre de force, juste pour faire dérouler. Moi ça me fait bien récupérer. Après, d’autres trouveront que c’est un effort supplémentaire, moi, ça m’aide à récupérer. Et après, je fais quelques séances de kiné avec de la pressothérapie : ce sont des sortes de grosses bottes ou chaussettes, qui se gonflent et se dégonflent. Donc c’est pas mal pour la récupération. Et après, un peu de massages mais rien d’exceptionnel non plus.

Maxence Rigottier : Et est-ce que c’est l’équivalent un peu des chaussettes de contention quand tu vas au kiné, l’exercice que tu viens d’évoquer.

Caroline Dubois : Ce n’est pas tout à fait pareil, quand même.

Maxence Rigottier : Est-ce que tu utilises justement des chaussettes de contention ou jamais ?

Caroline Dubois : Non. En fait, j’en utilisais mais je trouvais que c’était pire !

Maxence Rigottier : Tu t’es aperçue que ça avait un effet néfaste.

Caroline Dubois : Oui ! Ça n’est vraiment pas terrible. Soit ça sert trop, soit ça ne sert pas assez et je pense qu’il faut utiliser ça vraiment avec précaution.

Maxence Rigottier : D’accord. Personnellement, je n’ai jamais utilisé de chaussettes de contention, j’entends un petit peu ce que tu me dis, généralement, il y a deux cas de figure : soit ça vous correspond exactement, soit malheureusement, c’est une petit peu ça, ça nous sert un peu trop, on ne se sent pas à l’aise dedans, etc. Donc c’est pareil, essayez un petit peu une fois, pour tester éventuellement, mais ça n’est pas du tout obligatoire d’avoir des chaussettes de contention, pour effectuer la récupération.

Également, lorsqu’on est coureur et qu’on pratique très longtemps la course à pied, malheureusement, il y a de grandes chances d’être confronté à une blessure. C’est comme ça, c’est le domaine du sport et de la course à pied, et toi, justement, tu as été blessée l’année dernière, donc je voulais un petit peu que tu nous évoques 1 : ton ressenti, et 2 : comment revenir après une blessure ou après une grave blessure, qu’est-ce qui se passe dans notre tête et comment on fait pour retrouver son niveau antérieur ?

Caroline Dubois : C’est une bonne question. Moi, je me suis blessée au mois d’août dernier, un mois avant les championnats du monde de 100km, donc c’était vraiment dans un contexte particulier, avec toute la pression qu’il y avait autour. Ça n’était vraiment pas de chance pour le coup, parce que je ne m’étais jamais blessée avant. Ça tombe toujours au mauvais moment ! Donc là, pour le coup, on doute vraiment. C’est un peu comme si on te mettait un coup de massue sur la tête. Tu as des gens qui te soutiennent donc ça va et il y en a d’autres qui profitent justement de ce moment-là pour t’enfoncer.

Maxence Rigottier : Pour t’assommer définitivement.

Caroline Dubois : C’est ça. C’est vrai que c’est assez dur et c’est galère ! Donc après, pour revenir, déjà, quand on est blessé, il faut essayer de maintenir un maximum une activité. Moi, j’avais la chance de pouvoir nager avec un poul ou de faire un peu de vélo. Ça a permis d’entretenir un peu, mais un mois sans course à pied, ça laisse quand même des traces. J’ai pu quand même reprendre assez facilement, puisqu’un mois et demi après, j’ai pu faire le 100km de Royan, et ma meilleure performance en 8h14, donc on peut dire que je suis quand même revenue assez vite.

Il faut être patient, il ne faut pas vouloir charger trop vite d’entrée, faire souffler trop de volume et trop d’intensité. Il faut vraiment être patient et reprendre doucement. Laisser le temps, laisser venir, essayer d’écouter ses sensations. Et on dit que un mois blessé, on met à peu près la moitié de temps pour revenir, donc quinze jours pour retrouver son ancien niveau. Si on s’arrête six mois, il faut trois mois, donc c’est un peu plus long.

Donc j’ai fait Royan, mais à Royan je me suis à nouveau blessée au même endroit. Donc il a fallu ré-attendre six semaines après Royan pour pouvoir reprendre la course à pied. Mais si on suit les règles de précaution, ça se passe bien.

Maxence Rigottier : D’accord. Donc tu as eu juste deux blessures assez importantes : une malheureusement avant les championnats du monde, l’année dernière.

Caroline Dubois : Voilà

Maxence Rigottier : Et une autre après ton record personnel sur 100km, à Royan.

Caroline Dubois : C’est ça.

Maxence Rigottier : La blessure que tu as évoquée avant les championnats du monde, est-ce que ça t’a déjà traversé l’esprit de te dire : j’arrête l’athlétisme, est-ce que ça t’a traversé l’esprit et est-ce que tu as pensé à arrêter de courir ?

Caroline Dubois : Franchement non ! Je savais que ça faisait partie du jeu et que ça allait m’arriver un jour. Je ne savais pas quand, mais je savais que ça allait me tomber dessus, parce que ça n’était pas possible dix ans sans blessure. Je savais que je n’étais pas invincible. Donc c’est arrivé, c’est arrivé au moment mais je savais que j’allais rebondir après. Et je sais que j’étais jeune pour la distance et que j’ai encore le temps. Il faut essayer d’être un peu philosophe et aller de l’avant. Si on baisse les bras à la première blessure, on ne va pas aller très loin.

Maxence Rigottier : Exactement, surtout quand on est une athlète de 100km, je pense qu’il faut avoir du mental pour persévérer et s’améliorer.

Caroline Dubois : Tout à fait.

Maxence Rigottier : Et une question qui vient sûrement à l’esprit et qui me vient également à l’esprit : comment tu fais mentalement et psychologiquement pour être au quotidien au top, et vouloir aller t’entraîner, puisque c’est quand même une discipline extrêmement difficile, le 100km et des entrainements très, très poussés comme tu l’as évoqué tout à l’heure ; comment tu fais pour justement, mentalement, ne pas sombrer ou toujours être positive, toujours avoir l’enthousiasme de courir ; comment tu fais ?

Caroline Dubois : Déjà, il y a beaucoup de plaisir. Le jour où le plaisir s’arrêtera, je pense que j’arrêterai de courir. Il faut vraiment que je fasse ça pour le plaisir. Mais après, il y a des jours où c’est plus ou moins facile : il y a des journées de pluie et des jours où il y a beaucoup de vent, on n’a pas trop envie, on est un peu fatigué, mais bon on trouve toujours quelque chose qui nous fait aller. On pense à des anciennes performances, on pense à ce qu’on veut faire, les futurs objectifs, on pense à son entraineur qui a préparé le plan et on se dit : il n’a quand même pas bossé pour rien ! Au final, on chausse toujours les chaussures et une fois qu’on est parti, c’est bon. Le premier kilomètre est le plus dur, et puis après, quand on est lancé, la séance se déroule bien.

Maxence Rigottier : Exactement. Tu as évoqué vraiment une notion fondamentale pour la course à pied et pour atteindre ses objectifs : c’est vraiment de prendre du plaisir en courant. À partir du moment ou on fait quelque chose « à contrecœur », ça devient tout de suite « l’enfer » et c’est extrêmement dur d’arriver à faire des objectifs qu’on s’est fixés.

Et pour tous les débutants qui nous regardent, quels conseils donnerais-tu pour qu’ils se lancent dans la course à pied. Là, ils doivent peut-être être « effrayés » et se dire : houlà, 100km ! Si je cours déjà cinq kilomètres, ça sera déjà bien. Justement, quels conseils tu pourrais leur donner pour se lancer dès demain dans la course pied, ou courir ?

Caroline Dubois : Alors j’entraine pas mal de débutants, c’est une question que je connais bien. Pour tous les débutants, déjà je leur conseillerais de commencer doucement, ne pas hésiter à commencer les entrainements en marchant, puis à alterner course et marche. Et puis petit à petit, augmenter le temps de course par rapport au temps de marche pour après arriver, au bout de dix, douze semaines, arriver à courir trente minutes non-stop. Mais il ne faut pas vouloir brûler les étapes.

Deuxième conseil, c’est la régularité : ne pas venir courir une fois par semaine, une fois tous les quinze jours, ça ne servirait à rien, et commencer à s’entraîner directement deux, trois fois par semaine pour commencer à voir des résultats assez rapidement.

Et troisième conseil, se serait de bien vous équiper, de prendre des bonnes chaussures, des bons vêtements, des bons sous-vêtements, surtout pour les femmes, pour être bien protégé, bien équipé, et voilà. Après, le plaisir suivra et vous deviendrez un peu drogué !

Maxence Rigottier : Exactement. Souvent, comme tu l’as évoqué, l’objectif principal est d’essayer d’avoir une continuité et surtout une régularité. La plupart des gens, malheureusement, dès que c’est le printemps, il y a l’enthousiasme qui est assez profond, ils veulent courir quatre fois par semaine, et dès que l’hiver arrive, ils ne vont plus courir pendant deux mois. Donc c’est mieux de courir, ne serait-ce que deux fois par semaine, mais d’avoir une constance et que ce soit toutes les semaines, qu’il pleuve, qu’il fasse du vent, qu’il fasse du soleil etc.

Caroline Dubois : Oui, tout à fait, la clé de la réussite, c’est la régularité, et puis après augmenter le volume et l’intensité au fur et à mesure. Donc c’est surtout la régularité qui va payer.

Maxence Rigottier : D’accord. Et surtout, si vous voulez courir, l’avantage numéro un, c’est que le coût est quand même assez dérisoire, mis à part une bonne paire de running qui va vous couter environ cent euros, logiquement, vous avez déjà tout ce qu’il faut dans votre armoire pour aller courir dès demain. Il y a de grandes chances pour que vous ayez au moins un short, au moins un tee-shirt, au moins un coupe-vent.

Caroline Dubois : Une paire de chaussure, une montre et puis c’est parti.

Maxence Rigottier : Et c’est parti pour le début de l’aventure.

Caroline Dubois : C’est ça. Et après, on va être très, très bon.

Maxence Rigottier : Juste, prenez du plaisir et petit à petit, vous allez vraiment être heureux de courir.

Et qu’est-ce que tu ressens toi, par le simple fait de courir ? L’aventure, la liberté ?

Caroline Dubois : Oui. Moi, j’aime bien une petite phrase qui dit : « courir, c’est prendre le temps de réfléchir » Pour moi, quand je pars courir, j’oublie tout. Je ne pense qu’à mon plaisir de courir, à ce que j’ai envie de affaire en courant, et j’oublie tout le quotidien, si j’ai des soucis, s’il y a autre chose qui se passe, si j’ai du travail après, que je me dis : mais comment je vais faire pour tout faire ? J’oublie, tout. C’est mon moment à moi, et je ne pense qu’à la course, et à mon plaisir.

Maxence Rigottier : Exactement. Ce qui est bien aussi de courir, ça permet, si vous êtes stressé ou si vous avez des soucis, d’évacuer toute votre énergie, tous vos problèmes, et de ressentir un bien-être, je pense.

Caroline Dubois : C’est ça. Et après, on secrète des endorphines et ça devient vraiment une drogue, on se sent vraiment bien après et chaque fois on a envie de retrouver cet état de plénitude. Donc c’est un peu un cercle vicieux, il faut faire attention.

Maxence Rigottier : Et pour tous les coureurs comme moi qui ont un niveau intermédiaire en course à pied, quels conseils pourrais-tu nous donner pour qu’on arrive à obtenir les mêmes résultats que toi, et pouvoir réaliser des choses assez merveilleuses dans la course à pied ?

Caroline Dubois : Déjà, je pense qu’il faut bien s’entourer, avoir un bon entraîneur qui fait des bons plans mais personnalisés, qui soient adaptés à chacun, et pas des plans…

Maxence Rigottier : Pas des plans collectifs.

Caroline Dubois : Voilà, qui peuvent convenir à tout le monde, mais vraiment personnalisés, où on travaille les bonnes allures.

Après je conseillerais de travailler aussi au cardio pour bien se connaître, travailler des allures où on a un peu plus de mal. Et après beaucoup d’entrainement, beaucoup de patience puisque les résultats, quand on est débutant, progressent très vite ; quand on a déjà un bon niveau, progressent beaucoup moins vite, il faut être très patient. Et toujours les mêmes principes : progressivité, régularité, toujours augmenter progressivement en volume et en intensité. Et après, il ya une petite part de génétique aussi, et le mental qui fait qu’on est un champion ou non et ça, malheureusement, on ne peut pas trop choisir.

Maxence Rigottier : Et tu l’estimerais à combien la part de mental pour une réussite dans la course à pied ?

Caroline Dubois : Le mental est très important en course à pied. Parce que moi j’ai vu beaucoup d’athlètes qui étaient bien plus forts que moi en entrainement, mais qui ne concrétisent jamais en compétition. Je pense qu’il y a 40% de mental, et 60% de capacités physiques. Et plus c’est long, plus il faut du mental pour résister à la douleur.

Maxence Rigottier : Oui. Je suppose que dans ton cas de figure, ça doit être extrêmement difficile à partir du soixante-quinzième, quatre-vingtième kilomètre ?

Caroline Dubois : Voilà, c’est ça. C’est au soixante-quinzième que la course commence. Avant, c’est un peu la marche d’approche comme une randonnée, et puis à partir du soixante-quinzième, c’est la montée au sommet, c’est là que tout commence en fait. Avant, c’est la marche d’approche, c’est le footing et après, au soixante-quinzième, ça commence à se corser : on commence à avoir mal partout, on commence à être moins bien énergétiquement, c’est là que tout se joue en fait.

Maxence Rigottier : D’accord, j’imagine.

Et tu as eu l’opportunité d’aller au Kenya fin décembre 2011 pour un stage de vingt-huit jours avec les meilleurs mondiaux, comme Paula Radcliffe qui est la recordman du monde du marathon. Tu as également vu Mo Farah, etc. tu as pu t’entraîner avec de athlètes de très, très haut niveau, l’élite mondiale.

Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu ton séjour au Kenya, ce que tu en as retiré, quel était un petit peu ton quotidien, et est-ce que tu penses que grâce à un stage, par exemple au Kenya, ce va te permettre de vraiment faire quelque chose de grand pour l’année 2012 ?

Caroline Dubois : Oui, j’ai eu la chance de partir au Kenya avec mon entraineur et une partie de ses athlètes, donc il y avait des triathlètes : Frédéric Belaubre, international Français en triathlon, il y avait le champion de France de cross 2011, Mourad Amdouni, Hassan Chahdi qui est second. Et puis pas mal de coureurs de bon niveau après, il y avait des Anglais sur place : Mo Farah, Paula Radcliffe. Donc il y avait vraiment du beau monde, et il y avait des parcours magnifiques sur les hauts plateaux, puisque l’on était à 2500 mètres d’altitude. Ça permet de bien travailler, et quand tu redescends, après sur Marseille, on est vraiment très bien.

Après, la journée type, c’était six heures : footing à jeun, d’environ 15km. Petit déjeuner. Dix heures on repartait, donc de nouveau footing ou séance sur le stade ou en fartlek en nature. Donc environ encore une quinzaine de kilomètres. Après, il y a le repas. Petite détente l’après-midi, et puis à cinq heures, dernier entrainement de la journée : soit vélo, soit de nouveau course à pied, avec un peu de PPG (Préparation Physique Générale), un peu de renforcement, et puis voilà, on était bien content que la journée se termine pour pouvoir aller se coucher ! Et voilà, c’était un perpétuel recommencement. Mais là-bas, il y a une telle culture de la course à pied que l’on y va vraiment avec plaisir, on côtoie vraiment beaucoup de gens, et il y a vraiment un tel vivier d’athlètes que ça court dans tous les sens. Tout le monde court, en fait. Nous, on a tous des voitures, là-bas, ils ont tous des jambes qui courent !

Maxence Rigottier : Tu voyais plein de jeunes de partout, qui venaient pour courir.

Caroline Dubois : C’est ça. Eux, c’est la chance de leur vie de courir. Donc ils tentent tous la course à pied. Soit ça marche, soit ça ne marche pas, mais au moins ils auront tenté, c’est la seule chance de sortir de la misère. C’est pour ça qu’il y a autant de Kenyans. J’ai vu qu’il y trois-cent quarante Kenyans qui ont réussi les minima pour les JO.

Maxence Rigottier : Trois-cent quarante Kenyans ?!

Caroline Dubois : Voilà. Nous, on a deux Français, et une Française !

Maxence Rigottier : Donc logiquement, s’ils voulaient, ils pourraient faire un championnat du monde Kenya/Éthiopie contre le reste du monde !

Caroline Dubois : Voilà, c’est ça. Donc c’est vraiment énorme, c’est dur de s’imaginer ça.

Maxence Rigottier : D’accord. Et c’était des jeunes de 7 ans, 6 ans déjà qui courraient ?

Caroline Dubois : Alors on a eu de la chance, c’est que la vielle de Noel, le 24 décembre, il y avait une course qui était organisée à Item où on était, dans le centre d’entrainement, et en fait c’était une course réservée aux femmes et aux enfants. Donc il y avait des enfants de trois/quatre ans qui courraient. Mais ils ne faisaient pas comme nous. Les enfants font 600m en France, à six ans ; eux, c’est directement le 5km ballonné.

Maxence Rigottier : Ah oui, quand même !

Caroline Dubois : Et donc tout le monde partait en même temps, il y avait un monde fou, les femmes courraient en jupe, pieds nus, et tout le monde faisait la course : toutes les femmes, les femmes de ménage, toutes les femmes qui venaient des commerces. Elles étaient montrées du doigt si elles ne faisaient pas la course. Là-bas, tout le monde court, c’est une culture.

Maxence Rigottier : D’accord. Pour résumer, tu faisais environs deux à trois entrainements par jour.

Caroline Dubois : Voilà, c’est ça.

Maxence Rigottier : Et tu as fait durant vingt-huit jours de stages, combien de kilomètres à peu près?

Caroline Dubois : Alors en un mois, j’ai fait six-cent cinquante kilomètres, environs quarante heures de vélo. Voilà. Donc gros, gros stage.

Maxence Rigottier : D’accord. Ton séjour a « transformé ta vie » ? Ça t’a marqué mentalement, par rapport à ce que tu viens de me dire juste avant, tous ces enfants, toutes ces personnes qui courent ou « mal vues » si elles ne courent pas, ce qui est quand même impressionnant. Je pense que ça a dû te marquer. Et puis les hauts plateaux où tu as dû être vers plus de 3000m d’altitude.

Caroline Dubois : Oui. C’est sûr que c’est vraiment une expérience inoubliable. Et je n’espère qu’une chose, c’est de pouvoir y retourner le plus possible, parce que j’ai vraiment aimé. Et puis cette ambiance, cette culture, tous ces enfants qui crient dès qu’ils nous voient passer. C’est vraiment inoubliable, c’est le voyage d’une vie, je pense, et j’espère qu’il se renouvellera bientôt.

Maxence Rigottier : D’accord. J’avais déjà interviewé Antoine De Wilde, qui est le champion de France 3000m steeple 2008, et il avait eu également la chance de faire un stage un stage en Éthiopie, et il me disait un petit peu la même chose que toi : qu’il y avait une immense, immense culture de la course à pied dans ce pays-là, et qu’il n’avait qu’une envie, c’était d’y retourner, puisque ça change une vie et se former auprès des meilleurs, ça permet de progresser, et je pense qu’on est stimulé pour aller encore plus loin dans ses rêves et dans ses objectifs.

Caroline Dubois : Oui, tout à fait, ça donne vraiment envie.

Maxence Rigottier : Ça t’a stimulé pour aller encore plus loin.

Caroline Dubois : Oui, ça te booste, tout à fait.

Maxence Rigottier : Et pour finir, sur une dernière question : quel est ton objectif sur le 100km ou tes projets pour cette année 2012 ?

Caroline Dubois : Premier objectif, le 22 avril : les championnats du monde de 100km. J’aimerais descendre sous les huit heures.

Maxence Rigottier : Donc là, tu serais dans le top 15, top 20 mondial.

Caroline Dubois : Oui. Sur un championnat on ne sait pas, mais top 15 c’est accessible. Je m’entraîne pour donc j’espère que ça va payer, on verra. Et puis après, j’aimerais bien repartir sur la montagne, faire les championnats de France de montagne fin mai. Pourquoi pas espérer une sélection pour les Europe. Si ça ne marche pas, je ferai la course de sélection en août, qui est tout en montée, qualificative pour les mondiaux, donc ça me conviendra plus. Et puis après, en fin d’année, j’aimerais bien faire les templiers. J’ai un petit rêve de gagner les templiers, donc on va essayer de faire en sorte d’être bien classé, un podium, ce serait déjà très bien.

Maxence Rigottier : Oui, logiquement. J’espère de tout cœur que les championnats du monde avec l’équipe de France se passeront à merveille, et également, pour toutes les personnes qui souhaitent retrouver l’actualité de ton blog, de ce que tu fais dans la course à pied, on peut le retrouver sur caroline dubois.

Caroline Dubois : C’est ça. Vous pouvez me suivre en direct, je le mets régulièrement à jour.

Maxence Rigottier : Et comme ça on saura un petit peu l’évolution pour savoir si tu vas arriver à réaliser tes objectifs.

Caroline Dubois : Voilà.

Maxence Rigottier : Donc j’espère que cette interview vous a plu. Partagez-là sur Facebook ou sur Twitter et je vous dis à très vite pour de nouvelles vidéos.

C’était Maxence Rigottier de blog course à pied.

À bientôt.

Caroline Dubois : Tchuss.

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Maxence Rigottier

Maxence Rigottier

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